Fianso
Fianso en 2018 à Avignon - Lepocheux / CC content

Rap, théâtre et opéra : Fianso, le rappeur qui conjugue les scènes

Alors qu'il incarne  Gatsby le Magnifique sur les planches d'un grand théâtre parisien, le rappeur Fianso confie vouloir être une « passerelle » entre les cultures urbaines et classiques.

« Pourquoi est-ce qu’un mec qui va à un concert de rap n’irait pas au théâtre ? ». Alors qu’il incarne  Gatsby le Magnifique sur les planches d’un grand théâtre parisien, le rappeur Fianso confie vouloir être une « passerelle » entre les cultures urbaines et classiques.« Je suis à la recherche de nouvelles sensations et le théâtre est l’endroit parfait pour expérimenter et pousser mes limites », explique l’artiste de 35 ans dans un entretien à l’AFP.

Dès le 16 février et pendant cinq soirs dans la grande salle du théâtre du Châtelet (soit plus de 2.000 places), Sofiane Zermani alias Fianso a poussé ses limites dans le rôle titre d’une adaptation du chef d’oeuvre de Francis Scott Fitzgerald, Gatsby le magnifique.

Un texte emblématique qu’il a déjà interprété. C’était en 2018, lors du Festival d’Avignon, dans une création pour France Culture mise en scène par Alexandre Plank pour la mise la scène et Issam Krimi pour la musique. De cette expérience, une fiction radiophonique a été enregistrée dans la foulée.

C’est la représentation à Avignon qui a changé la vie du rappeur.

Autodidacte

« Avignon, ça a été un déclic car c’est là que je me suis prouvé que je pouvais le faire (…). Et c’est là aussi que j’ai prouvé à ceux qui sont venus me voir que j’étais sérieux dans ma démarche », raconte celui qui n’a jamais étudié ou pris des cours d’art dramatique.

Un an après son « déclic », il retourne dans la cité des papes pour y interpréter La Mort d’Achille, un texte inédit de Wajdi Mouawad, l’actuel directeur du théâtre de la Colline.

« Le problème du théâtre, c’est que une fois qu’on est piqué, c’est très très dur de pas y retourner », plaisante-t-il.

Devenu incontournable dans le monde du rap en 2017 avec son premier album Bandit Saleté, il a depuis, sans délaisser le rap (son dernier album La direction est sorti en mai 2021), multiplié les casquettes: producteur et dénicheur de talents, animateur d’une webtélé, comédien …

Grâce sa notoriété, il obtient des opportunités pour développer son autre passion : le jeu. En 2018, il pénètre le monde très feutré du 7e art, en jouant aux côtés de Reda Kateb dans le film Les Frères ennemis de David Oelhoffen.

L’année suivante, il joue dans la série Les Sauvages de Rebecca Zlotowski et Sabri Louatah. Autodidacte et boulimique de travail, il enchaine les projets. Le 17 février, il est, avec l’étoile montante du cinéma Dali Benssalah, à l’affiche de la série Arte Alger Confidentiel et vient de terminer le tournage d’une série Netflix.

Aussi à l’opéra

Mais c’est le théâtre, et plus largement le spectacle vivant, qui le passionne.

A l’automne dernier, il est invité par l’Opéra de Lyon à narrer le conte écrit et composé par Sergueï Prokofiev en 1936, Pierre et le Loup. Une première, pour celui qui confesse n’avoir « jamais mis les pieds à l’opéra ».

« Pour moi, monter sur une scène pour chanter ou pour jouer c’est la même chose. Mais la question que je me suis toujours posée, c’est pourquoi on s’adresse pas au même public. Pourquoi un mec qui va à un concert de rap n’irait pas au théâtre ? », interroge-t-il.

En cassant les frontières entre les scènes, l’artiste veut « être une sorte de passerelle entre les cultures urbaines et classiques ».

S’il reconnait « qu’il y a des cultures qu’on s’interdit quand on vient d’un certain milieu », il estime aussi que c’est en proposant des créations renouvelées avec des têtes d’affiches pas uniquement issues d’un cercle classique, que les grands théâtres arriveront à s’ouvrir davantage.

Et de conclure : « Si c’est à nous, artistes, de faire le premier pas, il faut que de l’autre côté, le public fasse l’autre moitié du chemin. S’il ne le fait pas, que pouvons-nous faire ? ».

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