« Multitude » Stromae
« Multitude », nouvel album de Stromae

Sortie événement de « Multitude » : quand Stromae se démultiplie

Neuf ans après son dernier opus, Stromae signe Multitude, album francophone le plus attendu de 2022.

Neuf ans après son dernier opus, Stromae signe Multitude, album francophone le plus attendu de 2022 : une réussite qui lui permet d’enfiler différents costumes et de faire défiler les paysages sonores, en globe-trotter de la musique.« Bienvenue ! », lâche le Belge tout sourire en écartant le rideau d’entrée du bar privatisé d’un hôtel parisien où il reçoit l’AFP. Oubliée la dépression, aggravée par les effets secondaires d’un antipaludique, qui l’avait cloué au sol il y a quelques années, dans le sillage d’une tournée mondiale épuisante.

A 36 ans (37 dans quelques jours), l’artiste a repris son envol, remontant sur scène, une première depuis sept ans, pour trois « avant-premières » à Bruxelles, Paris et Amsterdam. L’idée était de présenter le successeur de son album Racine carrée (2013, celui de la consécration). La nouvelle livraison s’appelle Multitude, sortie le vendredi 4 mars, et a tout de la recette gagnante.

L’Enfer, titre déjà dévoilé, lui permet d’exorciser le passage à vide qu’il a connu. Et Invaincu, morceau d’ouverture – sur disque et sur scène pour ceux qui l’ont vu – atteste de son retour en forme, du burn-out envoyé au tapis, et d’une ambition retrouvée.

Stromae évite le piège de l’album-thérapie, s’éloignant de ses tourments passés, pour se faire conteur, variant les narrations. Comme dans Riez où les rêves d’un chanteur – être reconnu et riche – et ceux d’un migrant – des papiers et un repas – sont confrontés.

« Parler des invisibles »

Ou comme dans Fils de joie où il prête sa voix au fils d’une prostituée face à un client, un policier et une maquerelle. « Les sujets qui sont loin de soi, c’est parfois plus facile d’en parler. C’est venu d’une émission télé française Ça commence aujourd’hui, qui recueillait ce jour-là les témoignages d’enfants de travailleuses du sexe, j’avais vraiment été touché par la violence de ce qu’ils vivaient », raconte l’artiste.

Cette volonté de « parler des invisibles » se retrouve aussi dans Santé, hit déjà connu consacré aux petites mains et autres travailleurs de l’ombre.

Ce plaisir de varier l’intonation de sa voix et les points de vue le rapproche d’un acteur. « Un peu, c’est vrai, j’aime interpréter des personnages, mais je n’ai pas réinventé la roue, c’est la meilleure façon de raconter des histoires, des fois comme narrateur, des fois comme sujet ».

De quoi tenter un jour le métier de comédien ? « Non, plus le temps passe, plus je n’aime pas perdre de temps face à la caméra, je préfère être derrière, réalisateur, bien au chaud dans sa grosse veste plutôt qu’acteur qui se les gèle et doit faire 20 fois la prise (rires) ».

Stromae dribble aussi l’écueil de la chanson dédiée à son enfant avec C’est que du bonheur, où il évite tout angélisme et décrit avec humour un quotidien repeint aux couleurs « vomi » ou « caca ».

« Envie de découvrir le monde »

Une approche sans fard. « Je pense à Arno (célèbre chanteur belge, son parrain dans le métier, ndlr) qui a ce truc très franc-parler, très cru; “ pipi-caca-vomi ” j’ai eu les mains dedans (rires), j’ai eu un petit garçon il y a trois ans ».

Dans Racine carrée, les références allaient de l’électro d’Europe du nord aux mélodies de Cesaria Evora. Le registre de Multitude est encore plus étendu, entre trame électro, flûte persane, chinoise ou guitare des Andes péruviennes.

« Je suis un mélange, à la base, de père rwandais et mère flamande-belge. Et ma mère a toujours eu cette envie de découvrir le monde et me l’a transmise, grâce à elle j’ai découvert la Bolivie, le Mali, le Mexique, le Pérou, l’Argentine ».

« Mais il m’a toujours fallu du temps pour apprécier les musiques qu’elle écoute, la musique bolivienne, je détestais il y a dix ans, je l’adore aujourd’hui. Ma mère écoute depuis longtemps de la musique japonaise, je ne suis pas encore prêt (rires), mais je m’y mettrai peut-être ».

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