Blois Ben

L’artiste Ben fête à Blois les 60 ans du mouvement Fluxus

“Le questionnement c’est la matière première” : Ben et la Fondation du Doute de Blois célèbrent jusqu’au 27 novembre les 60 ans du mouvement avant-gardiste Fluxus, dont le Franco-Suisse et Yoko Ono furent les têtes de proue.Le truculent artiste niçois, acteur revendiqué du mouvement, y présente à partir de samedi, à 87 ans, une nouvelle exposition intitulée L’Ego indestructible.

“Je voulais tout remplir dans l’exposition. Mais, non, je ne vais rien donner”, sourit Ben Vautier. “Je donne un vide sur le questionnement de l’ego. C’est tout. (…) Le questionnement c’est la matière première de l’expo mais, il y a plus fort que moi, il y a Duchamp. Moi, je ne suis que le sous-fifre”.

Le public trouvera donc ses illustres messages, sous la forme d’interrogations questionnant l’ego dans l’art. “L’art ment-il?”, “Pourquoi signer?”, “L’ego était-il là au début des temps?”, interpellent ainsi le visiteur, qui pourra bien sûr lui répondre dans des urnes consacrées.

Car Fluxus demande une participation. “Il y a un rapport de Fluxus au collectif : il faut s’impliquer dans la création”, estime la chargée de médiation, Marion Louis.

“Il s’agit de rapprocher l’art et la vie, y compris de la vie quotidienne”, continue-t-elle. “Fluxus n’est pas un mouvement artistique, c’est un état d’esprit de personnes qui se sont retrouvées autour d’un questionnement: comment définir l’art et l’approcher?”

En cela, ce mouvement internationaliste s’est inspiré du Nouveau Réalisme et du “Ready Made” de Marcel Duchamp, qui s’est lui-même employé à désacraliser l’art.

“”Qui décide de ce qui est beau ?”, se demande Ben. Il n’y a pas une seule définition du beau dans Fluxus”, ajoute-t-elle.

“Au-delà du loufoque”

Réouverte en juillet avec une nouvelle muséographie, la Fondation du Doute, connue notamment pour sa façade recouverte de plus de 300 messages de Ben, conduit aussi le visiteur à travers 60 années de création.

L’exposition permanente enrichie est désormais organisée autour des “onze dénominateurs” du mouvement comme la musicalité, l’art-amusement ou encore la fugacité.

Elle débute naturellement avec une vidéo du concert qui a lancé l’aventure, à Wiesbaden (Allemagne) en septembre 1962. Un premier happening devant un public interloqué filmé par la télévision publique allemande.

L’amateur pourra d’ailleurs jouer du piano destructuré utilisé pour ce concert spécial et déjanté.

On retrouve ensuite quelques installations et œuvres emblématiques du mouvement, comme ce piano à queue que l’on nourrit au foin de La Monte Young ou encore les “tableaux-pièges astro-gastronomiques” de David Spoerri.

Le public pourra aussi écouter en live Fandango, le bruyant tintamarre de marteaux sur portières de Wolf Vostell, ou plus zen, se reposer devant ce bouddha qui s’observe lui-même dans une télévision de Naim June Pak.

“On peut voir toutes les facettes de Fluxus, au-delà du loufoque”, apprécie le directeur de la Fondation du Doute, Alain Goulesque, pointant aussi vers les créations minimalistes qui enseignent “comment créer avec peu”.

“Fluxus est un état d’esprit, donc contrairement au mouvement, il n’a pas de fin”, assure-t-il. “Comme le montre l’expo de Ben, il continue à questionner.”

Plus d’infos ici.

 

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