Zaho de Sagazan - Guillaume Ménard
Zaho de Sagazan - Guillaume Ménard

Aux Transmusicales, Zaho de Sagazan fait mouche

"Ca me plaît beaucoup de faire danser les gens mais je ne sais pas faire des chansons joyeuses": textes sombres sur électro remuante, Zaho de Sagazan est l'artiste mise en avant aux Trans Musicales.

Etre en résidence d’artiste dans ce festival défricheur à Rennes est un gros marqueur. La chanteuse dans sa vingtaine, dont le premier album est prévu en 2023, a le privilège de jouer plusieurs soirs.

Marchant dans les pas de prestigieux aînés tels Stromae, Jeanne Added ou Fishbach programmés il y a quelques années dans cette case au dernier rendez-vous majeur de l’année pour les musiques actuelles.

“C’est une vrai bête de scène, elle a un truc qui peut faire penser à Stromae, elle va chanter la noirceur et te faire danser”, commente pour l’AFP Joran Le Corre, directeur artistique de Wart, structure qui accompagne l’artiste.

Jean-Louis Brossard, patron des Trans Musicales, dépeint pour l’AFP “un côté électro et un côté très chanson, c’est un personnage, une voix pas entendue avant, une vraie présence scénique”.

Zaho de Sagazan incarne ses chansons en concert avec une belle intensité. Elle y voit moins un héritage de ses années de danse, premier amour avant le piano, qu’une inspiration venue de ses modèles.

Brel, Joplin, Barbara

“J’ai été touchée par des Brel, Janis Joplin, qui ne chantaient pas seulement mais vivaient leurs morceaux, j’aime les gens un peu habités”, confiait-t-elle à l’AFP après son passage sur une scène secondaire de Rock en Seine fin août.

Tout va très vite pour celle qui a grandi à Saint-Nazaire et qui fut aussi auxiliaire de vie. Ses contenus sur ses réseaux sociaux, entre reprise de Barbara et compositions personnelles, ont rapidement fait frémir les antennes des milieux de la musique.

“Zaho poste sur ses réseaux des ritournelles, des boucles, des choses pas forcément longues, elle a plus de 12 000 abonnés sur Instagram, ce qui est énorme pour quelqu’un qui n’a quasiment rien sorti”, poursuit Joran Le Corre.

Sur la foi de ce qu’elle montre de sa musique sur Instagram, elle fut invitée par Hervé (révélation des Victoires de la musique 2021) et Mansfield.Tya (électro pointue) à faire leur première partie à L’Olympia et au Trianon à Paris.

“C’est très impressionnant, c’est un honneur et ça fait trop du bien d’être aimée par des gens différents, comme Rebeka Warrior (chanteuse de Mansfield.Tya) et Hervé”, souffle Zaho de Sagazan.

“Tout bruit te fait mal”

La suite est très attendue, dans le sillage du dernier single sorti fin novembre, Les dormantes, mixé par “Nk.F”. Soit Nikola Feve, un sorcier des studios qu’on retrouve derrière des productions de poids lourds comme Booba, Damso, PNL ou Angèle.

Aux Trans, le timbre grave de la chanteuse et ses textes font mouche. Comme celui de Mon corps, évocation d’une enveloppe charnelle longtemps honnie jusqu’au tournant d’un grave trouble de l’audition.

“J’ai fait de l’hyperacousie, il y a deux ans, tout bruit te fait mal: ton filtre naturel dans les oreilles se dérègle et t’envoie de la douleur pour te protéger, mais au moindre petit son”, raconte la fille du plasticien Olivier de Sagazan.

“Je pensais que la musique était finie, que je finirais en faisant de la couture dans ma chambre (rires) mais on m’a orientée vers les bons traitements”. Et la chanteuse a pris conscience “que ce petit corps” qu’elle critiquait “tous les jours, il faut en prendre soin”.

Pour continuer à l’entendre donner sa Symphonie des éclairs, un de ses titres phares, il y aura l’Hyper Weekend, festival à la Maison de la Radio et de la Musique (20-22 janvier) ou le Trianon, en tête d’affiche cette fois (18 avril).

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