"Depuis toujours, j'ai la phobie de l'enfermement... Cela m'intéressait de découvrir comment survivre à des conditions insupportables...": Sara Giraudeau joue dans une pièce inédite inspirée de l'affaire Natascha Kampusch, séquestrée pendant huit ans dans une cave.
Réduite pendant 3 096 jours à un tête-à-tête avec son ravisseur qui l’avait enlevée sur le chemin de l’école (elle avait alors 10 ans), l’otage autrichienne est parvenue à s’échapper en 2006 d’un réduit aménagé dans la cave d’un pavillon de banlieue.
A l’affiche du Théâtre du Rond-Point à Paris, avant une tournée, Le Syndrome de l’Oiseau, dans une mise en scène co-signée par Sara Giraudeau et Renaud Meyer, dépasse le fait divers.
La pièce, écrite par le dramaturge Pierre Tré-Hardy, met en lumière l’emprise ultime : “la possession de l’autre, en lui confisquant tout horizon et tout envol”, souligne l’auteur qui se focalise sur la dernière heure du calvaire de l’otage avant sa libération.
“Dans la pièce, l’imaginaire et l’art sont les deux choses auxquelles l’otage se raccroche pour survivre”, relève à l’AFP Sara Giraudeau qui livre une performance dans ce huis clos tragique.
Tout du long, Denis Podalydès prête sa voix enregistrée à un voisin qui, par un incroyable concours de circonstances, permettra de libérer la jeune fille. Le ravisseur est campé par Patrick d’Assumçao (vu dans L’Inconnu du lac d’Alain Guiraudie).
Servilité
“Je connais ce texte depuis environ cinq ans. Il m’a repoussé à la première lecture, d’autant que j’étais enceinte et je me voyais pas aborder ce rôle si particulier à ce moment-là… Et puis, à la réflexion, j’ai été émue et épatée par une sorte de poésie exprimant l’indicible et une montée dramatique très puissante”, confie Sara Giraudeau, César de la meilleure actrice dans un second rôle 2018 pour Petit Paysan et figure du petit écran grâce à la série phare Le Bureau des légendes.
“Cette pièce sur l’emprise et l’idée de la possession de la femme par l’homme, parle aussi de l’attachement irrationnel de l’otage pour son ravisseur, devenu petit à petit son seul repère… Pour ce rôle extrêmement lourd, j’ai ressenti la nécessité de m’impliquer dans la mise en scène”, ajoute la comédienne, fille d’Anny Duperey et Bernard Giraudeau.
“Les hommes ont toujours empêché la femme de se déployer, de s’accomplir… Cette servilité que l’homme a imposée à la femme depuis la nuit des temps est incroyablement intéressante… La pièce nous ramène aussi à cette peur du masculin face à la féminité, et qui lui donne le besoin de la contrôler…”, estime Sara Giraudeau.
A l’affiche en 2022 d’Adieu Monsieur Haffmann et Le Sixième Enfant, la comédienne de 37 ans vient de tourner dans Tout va bien, une série pour Disney+ sur le quotidien d’une famille confrontée à la leucémie d’un enfant.