Miossec en 2019
Miossec en 2019 - Laurent Smet / Shutterstock

Miossec fait un retour aux sources avec son nouvel album “Simplifier”

"Tourneboulé" par la tournée des 25 ans de "Boire", son opus fondateur, Miossec revient au minimalisme des débuts avec "Simplifier", pour chanter le destin de Gérald Thomassin, ex-acteur disparu dans la nature, ou les voies de garage des histoires d'amour.

Avec ces arrangements sans fioriture, à l’os, impossible de ne pas penser à son premier disque, Boire, réédité pour ses 25 ans en 2020, avant d’entamer une tournée-anniversaire dans la foulée.

“Cette tournée, ça m’a tourneboulé, m’a ramené à la préhistoire, quand je faisais un album tout seul chez moi, quand mes amis me considéraient en perdition en voyant ce gars qui veut être musicien à 30 ans à une époque où on ne vivait pas de la musique indé”, raconte le Breton rencontré par l’AFP à Paris.

Simplifier, titre de l’album qui paraît vendredi, résume l’acte de naissance du disque. L’artiste s’est imposé un “confinement” pour bricoler seul avec guitare, basse et boîte à rythme de 1969.

“Ce n’était pas pour faire du vintage mais pour se raccrocher à des choses charnelles, ne pas finir un ordi devant le nez”. Cette approche “proto-punk” n’est à ses yeux que “de la poésie”. Celui qui fêtera ses 60 ans fin 2024 voulait ainsi “retrouver les racines du mal”, ce mélange d’autarcie et de folie, “ce truc quand les nuits deviennent des jours, quand on décolle dans ces moments-là”.

“Qu’est-ce qu’on cherche dans ces moments là ?”, entonnait-il dans Des moments de plaisir sur Boire en 1995. Plusieurs fois pendant l’interview, on repense à d’anciens morceaux en l’entendant parler.

Comme quand il évoque spontanément les déchirements du Parti Socialiste fin janvier autour de la désignation de son premier secrétaire. “On était tellement de gauche”, chantait-il sur Baiser en 1997.

“Au bout du trottoir”

Sur Simplifier, Miossec prend les routes de son existence à contre-sens, pleins phares. On repart donc à Brest, là où tout a commencé, et au Vauban, salle de concert mythique de la ville. Le titre Je m’appelle Charles est un portrait de Charles Muzy, son ami, patron de ce lieu haut en couleurs. “Les gens qui y viennent hallucinent, les loges sont ouvertes, il vaut mieux planquer ses bières si on en veut en sortie de scène”, rigole Miossec.

Pour son premier concert, au Vauban, Miossec, en première partie, “avait complètement volé la vedette au chanteur de Divine Comedy, qui n’avait pas eu l’air d’apprécier”, se souvenait d’ailleurs Charles Muzy dans Le Télégramme.

Miossec évoque aussi son ancienne vie de journaliste, avant la musique. Le titre de la chanson Qui, quoi, où, comment et pourquoi ? joue sur les questions auquel un article de presse doit répondre.

Meilleur jeune espoir masculin célèbre L’inconnu de la Poste, enquête de la journaliste Florence Aubenas devenu succès de librairie. L’auteure y a déroulé le fil du meurtre d’une postière de l’Ain, pour lequel l’acteur, disparu dans la nature, Gérald Thomassin fut un temps soupçonné. Miossec, “bluffé par le travail de Florence Aubenas”, aurait rêvé de “faire ce bouquin”. Le chanteur, qui n’aime “pas les livres d’aventuriers” est en revanche fasciné par “le fait divers quand il fait découvrir des mondes au coin de la rue, au bout du trottoir”.

Et puis il y a ce morceau, Mes voitures. On y entend “Celle qui avait fini un beau soir dans un mur”. Et on comprend au fil des paroles qu’il ne s’agit pas carrosseries mais d’histoires d’amour embouties.

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