« Women Talking » de Sarah Polley
« Women Talking » de Sarah Polley

“Women Talking”, nommé aux Oscars, sort demain, lors de la Journée mondiale des droits des femmes

Avec "Women Talking", nommé aux Oscars, la réalisatrice canadienne Sarah Polley met en scène la "conversation" qu'elle estime délicate mais indispensable autour des violences et du harcèlement sexuel.

Le film, qui sort mercredi en France, Journée mondiale des droits des femmes, s’immerge dans une communauté religieuse vivant à l’écart du monde moderne. Tourné quasi-uniquement dans une grange, il montre les heures cruciales que vivent les femmes de cette communauté, qui viennent d’être victimes de viols et tentent de s’organiser pour réagir, avant que les hommes, parmi lesquels se trouvent probablement leurs bourreaux, ne reviennent.

“Ne rien faire, rester et se battre, ou partir”: pendant 1h44, ces femmes, interprétées par Rooney Mara, Claire Foy (la jeune Elizabeth II dans les premières saisons de The Crown) ou Frances McDormand (3 Billboards: Les Panneaux de la Colère, Fargo…) vont débattre et tenter de trancher entre ces options.

Sur le tournage, “il y a eu beaucoup de discussions, et pas seulement entre femmes, mais aussi avec des hommes. Et certaines des contributions les plus importantes sont venues de membres masculins de l’équipe qui eux aussi avaient été agressés, ce à quoi on ne s’attendait pas”, a expliqué la réalisatrice de 44 ans à l’AFP, lors d’une interview à Paris.

“Ce qui est terrible, c’est l’absence de langage pour parler de certaines choses. Et je pense que ces dernières années, la langue a évolué sur ce que sont une agression sexuelle et le harcèlement sexuel et comment en parler, ce qui nourrit l’espoir, même s’il reste beaucoup à faire”, a-t-elle ajouté.

Les Oscars, “opportunité manquée”

Truffé de références à la religion, le film espère pouvoir nourrir à son tour les conversations sur le sujet, plutôt que l’affrontement, souhaite sa réalisatrice : “s’asseoir dans une pièce avec des gens qui ne partagent pas le même avis, ne pas partir en criant les uns sur les autres, et arriver à un consensus, c’est aujourd’hui quelque chose de radical”.

A l’ère des réseaux sociaux, “chacun reste dans son coin, en agitant son argumentaire, et c’est comme si, parce qu’on ne s’entendait pas sur tout, on ne pouvait pas travailler ensemble. C’est quelque chose de très problématique et qui se fait au détriment du féminisme”, a poursuivi Sarah Polley, qui aimerait voir se développer le débat “non seulement sur ce qu’on veut détruire mais aussi sur ce qu’on veut construire”.

En attendant, le film est l’un des rares portés par une réalisatrice à avoir décroché cette année des nominations aux Oscars, qui seront décernés dimanche. Women Talking est nommé dans les catégories de la meilleure image et du meilleur scénario adapté pour Sarah Polley, qui a travaillé à partir d’une pièce de théâtre canadienne.

Elle avait déjà été nommée dans cette catégorie en 2008 pour son film Loin d’Elle, sur la maladie d’Alzheimer.

“Que l’on trouve stupides les récompenses ou non, (de telles nominations) ont un réel impact” sur le nombre de personnes qui iront voir le film et sur le débat public, s’est félicitée Sarah Polley, ancienne actrice qui a décidé de se consacrer pour l’instant totalement à la réalisation et à l’écriture.

Elle déplore toutefois “l’opportunité manquée” par l’Académie de nommer cette année “des réalisatrices noires”. L’absence du film d’action afro-féministe The Woman King, de Gina Prince-Bythewood, a notamment été très remarquée.

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