« Prophétique » de Nadia Beugré
« Prophétique » de Nadia Beugré - Photo David Kadoule

Le festival Montpellier Danse “entre mémoire” et “création”

Alors que le festival Montpellier Danse entendait refléter l'an dernier le "chaos du monde", sa 43e édition, fin juin, naviguera cette fois entre "mémoire" et "création", "peut-être" pour la dernière fois sous la houlette de son emblématique directeur Jean-Paul Montanari.

“Cette nouvelle édition aurait peut-être dû résonner du bruit et de la fureur du monde en Ukraine, en Iran et ailleurs. Ou peut-être aurait-elle dû se taire devant ce fracas, ce chaos… mais “the show must go on””, explique Jean-Paul Montanari, cheville ouvrière de cet important rendez-vous de la danse contemporaine dont il a pris la direction en 1983, deux ans après sa création.

C’est donc à un cocktail mêlant la “mémoire de près d’un demi-siècle de danse à Montpellier” et la création d’oeuvres inédites que le spectateur est invité, du 20 juin au 4 juillet, dans l’Hérault.

“Pourquoi reprendre une œuvre du répertoire contemporain ? Faut-il la reproduire à l’identique ou la revisiter?”, s’interroge Jean-Paul Montanari, qui, à 75 ans, explique qu’il vit “peut-être sa dernière édition” à la tête du festival.

Pour la reprise dans la grande salle de l’Opéra Berlioz, les 29 et 30 juin et le 1er juillet, de Palermo Palermo, “pièce énorme” créée en 1989 par l’iconique Pina Bausch (1940-2009), il s’agira de viser l’authenticité, avance-t-il.

A l’inverse, Jean-Claude Gallotta, considéré depuis 40 ans comme l’un des plus importants représentants de la nouvelle danse française, explique vouloir “sublimer” et “refonder” sa pièce Ulysse, qui date de 1981, en la rendant “plus imprégnée encore par les thèmes de l’exil” (2 et 3 juillet au Théâtre de l’Agora).

Originaire de Montpellier, la danseuse-chorégraphe Sarah Matry-Guerre réécrit pour sa part Désert d’Amour, une pièce qui a marqué son enfance lors de sa création en 1984 par Dominique Bagouet, le fondateur de Montpellier Danse, décédé en 1992.

Corps marqués

Elle s’est pour cela associée à un ancien membre de la compagnie de Dominique Bagouet, Jean-Pierre Alvarez, dans une démarche de co-création avec le Mexique, où elle réside depuis des années (les 3 et 4 juillet à l’Opéra Comédie).

Ancienne dirigeante du Centre chorégraphique de Montpellier, Mathilde Monnier revient quant à elle au festival avec une création, Black Light, un “spectacle-manifeste” sur les violences quotidiennes faites aux femmes inspiré de H24, une série diffusée sur Arte en 2021, et de ses rencontres lors d’ateliers qu’elle mène avec des victimes de violences.

Miroir du “désastre physique qui s’inscrit dans les corps, marqués pour longtemps”, sa pièce se veut aussi “joyeuse”, a-t-elle expliqué. Créée à l’Agora de Montpellier les 22 et 23 juin, la pièce sera montrée au festival d’Avignon du 20 au 23 juillet puis partira en tournée.

Autre habitué du festival, Angelin Preljocaj ouvrira cette édition, les 20 et 21 juin à l’Opéra Berlioz, avec un triptyque fait de deux reprises de ses oeuvres, Annonciation et Noces, et d’une création, dont on ne sait rien.

Toujours du côté des créations, Nadia Beugré, qui a grandi en Côte d’Ivoire, poursuit ses recherches sur les questions de genre avec Prophétique (On est déjà né.es), fruit de ses échanges avec des membres de la communauté transgenre d’Abidjan, “coiffeur.ses le jour, divas des dancefloor la nuit” (21 et 22 juin au Théâtre de la Vignette).

Plus d’infos ici. 

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