Zaho de Sagazan - Guillaume Ménard
Zaho de Sagazan - Guillaume Ménard

Zaho de Sagazan, éclair musical du printemps

Comme Jeanne Added ou Fishbach en leur temps, son nom est entré dans les radars musicaux bien avant son premier album: la foudre frappe enfin et Zaho de Sagazan sort "La symphonie des éclairs" vendredi.

En guise de roulements de tonnerre annonciateurs, les prestations live de cette artiste à la chevelure peroxydée ont précédé ce premier disque très attendu sur la scène indépendante.

On se souvient d’une petite scène en août 2022 à Rock en Seine, aux portes de Paris, en plein après-midi, où la chanteuse, dans sa vingtaine, a remué l’assistance avec son électro sombre nourrie de blessures intimes à peine cicatrisées.

“Ca me plaît beaucoup de faire danser les gens mais je ne sais pas faire des chansons joyeuses”, avait-elle synthétisé auprès de l’AFP après son passage.

“C’est une vraie bête de scène, elle a un truc qui peut faire penser à Stromae. Elle va chanter la noirceur et te faire danser”, renchérissait pour l’AFP Joran Le Corre, directeur artistique de Wart, structure qui accompagne l’artiste.

Puis est venue l’heure de sa consécration scénique devant les professionnels de l’industrie aux Trans Musicales de Rennes en décembre. Zaho de Sagazan fut mise en avant dans ce festival défricheur avec une résidence lui assurant de jouer plusieurs soirs.

Un privilège qui la fit marcher dans les pas de prestigieux aînés tels Stromae, Jeanne Added ou Fishbach, programmés il y a quelques années dans cette case rennaise.

Jean-Louis Brossard, patron des Trans Musicales, dépeignait pour l’AFP “un côté électro et un côté très chanson, un personnage, une voix pas entendue avant, une vraie présence scénique”.

Brel, Joplin, Barbara

En combi-short noir, Zaho de Sagazan incarne avec une belle intensité ses chansons en concert. Pas étonnant pour celle qui dit avoir été “touchée par des Brel, Janis Joplin, qui ne chantaient pas seulement mais vivaient leurs morceaux. J’aime les gens un peu habités”. Dans ses références on trouve aussi Barbara.

Celle qui a grandi à Saint-Nazaire et fut aussi auxiliaire de vie a d’abord été repérée via ses morceaux postés sur Instagram. Par Hervé (révélation des Victoires de la musique 2021) et Mansfield.Tya (électro pointue) qui l’invitèrent à assurer leur première partie à L’Olympia et au Trianon à Paris.

La suite discographique est à la hauteur des performances en public. Tristesse est un uppercut dont l’onde de choc se répand de la tête aux pieds. Pour Les dormantes, l’habillage sonore se fait plus insidieux. Le mixage de la chanson est signé par Nk.F. Soit Nikola Feve, un sorcier des studios qu’on retrouve derrière des productions de poids lourds comme Booba, Damso, PNL ou Angèle.

Et difficile de rester insensible à Mon corps, évocation d’une enveloppe charnelle longtemps honnie jusqu’au tournant d’un grave trouble de l’audition.

“J’ai fait de l’hyperacousie, il y a quelques années, tout bruit te fait mal: ton filtre naturel dans les oreilles se dérègle et t’envoie de la douleur pour te protéger, mais au moindre petit son”, racontait la fille du plasticien Olivier de Sagazan.

“Je pensais que la musique était finie, que je finirais en faisant de la couture dans ma chambre (rires) mais on m’a orientée vers les bons traitements”. Et la chanteuse a pris conscience “que ce petit corps” qu’elle critiquait “tous les jours, il faut en prendre soin”.

La symphonie des éclairs résonnera prochainement au Trianon (18 avril) et au Printemps de Bourges (20 avril), entre autres, avant L’Olympia le 4 novembre. En tête d’affiche désormais.

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