L'album « Taciturne » de Dinos
L'album « Taciturne » de Dinos

Printemps de Bourges : Dinos, rappeur qui fait bouger les lignes

Premier rappeur à chanter aux César, grand-messe du cinéma français, Dinos a aussi contribué à décloisonner les soirées rap au Printemps de Bourges, jusqu'ici excentrées, après un "mini-coup de gueule" l'an dernier.

Si des rappeurs accédaient parfois à la scène centrale, les deux soirées 100% rap du festival se tenaient à la Halle au Blé, en dehors du cœur de l’évènement. Cette année, deux des soirées autour du rap auront lieu au W, la plus grande scène du Printemps, près du village des professionnels de l’industrie musicale de ce premier rendez-vous majeur de la saison (de mardi à dimanche).

Dinos, à la Halle au Blé en 2022, se produira mercredi au W. Le rappeur rembobine pour l’AFP sa “conversation” en sortie de scène il y a un an avec Boris Vedel, directeur du Printemps.

“C’était – comment dire… – un mini-coup de gueule, sur un ton amical. Boris Vedel était venu me féliciter pour mon concert et je lui ai demandé pourquoi les rappeurs jouaient à la Halle au Blé”. “C’était peut-être par habitude mais on aurait dit qu’on était puni, au coin, car c’est un peu loin de tout”.

“Merci au Printemps”

“J’ai vu qu’il comprenait à ce moment-là et j’aimerais dire aujourd’hui un grand merci au Printemps de Bourges, qui a été réactif et juste envers notre musique, contrairement à d’autres cérémonies où elle est sous-représentée et sait qu’elle ne va rien gagner”, ajoute-t-il, taclant les Victoires de la musique.

“On avait envie d’en faire plus autour du rap et la discussion avec Dinos a concouru à ce qu’on bouge nos positions”, confirme Boris Vedel à l’AFP. “Il y a un an, j’ai vu dans les yeux de Dinos son sentiment d’être mis de côté, je lui ai dit “la question se pose””.

Si les habitués du Printemps, -M- ou Juliette Armanet, fouleront eux aussi la scène du W, le festival met cette année un coup de projecteur sur le rap, à travers un cycle de concerts, expositions et projections, avec pour parrain Disiz, tête chercheuse du genre en France. De quoi marquer 2023, année où le hip-hop fête les 50 ans de sa naissance aux Etats-Unis et les 40 ans de son arrivée en France, deuxième marché mondial.

“L’idée de faire une création sur le rap (soirée jeudi avec des jeunes rappeurs et rappeuses présentée par Oxmo Puccino), on l’avait depuis cinq ans, l’idée de faire quelque chose avec Disiz depuis trois ans, et là tout vient d’un coup”, déroule Boris Vedel.

“Gratin du cinéma”

Il est bien loin le temps où les rappeurs invités à la télévision semblaient assis sur le banc des accusés.

Dinos se souvient d’ailleurs de l’émission “Ça se discute” en 1995 : Stomy Bugsy, Kenzy et Doc Gynéco, alors au sein du Ministère A.M.E.R., font face à un panel rock, entre Corine Marienneau (alors ex-bassiste de Téléphone), Little Bob (rockeur havrais à l’éternelle veste à franges) et même un représentant des Hells Angels français.

Preuve que le hip-hop est aujourd’hui partout, il est devenu le premier rappeur à se produire à la cérémonie des César, en chantant en direct sur scène aux côtés de Charlotte Gainsbourg, actrice et chanteuse.

“J’ai déjà fait de la télé mais, là, c’était devant tout le gratin du cinéma français, en direct. Si tu te trompes, t’es mort (rires). Ta mère te regarde, ta famille en Afrique (il est originaire du Cameroun, arrivé gamin en région parisienne) te regarde. Même si on remplit des grosses salles, c’était un autre niveau”, raconte Dinos.

“Des acteurs que je voyais au cinéma et à la télé sont venus me féliciter après”. De quoi donner des envies de septième art ? “Dans la musique, je prends des cours, de chant, de solfège. Je pense qu’il faudrait que je prenne des cours pour jouer”. Avec le rappeur, aucune porte n’est fermée.

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