Lyon
Lyon - Sander van der Werf / Shutterstock

Festive, parfois engagée, la Biennale de la danse de Lyon revient en septembre

Quarante-huit spectacles, son fameux défilé, une exposition, des "clubs" pour faire danser le public... La Biennale de la Danse revient en septembre à Lyon avec des chorégraphies contemporaines parfois engagées et une dimension festive forte.

“La danse, c’est aussi être ensemble, des gens qui bougent, la fête”, professe Tiago Guedes, le directeur artistique de l’événement, programmé du 9 au 30 septembre à Lyon, puis dans 34 villes de la région Auvergne-Rhône-Alpes jusqu’au 21 octobre.

L’esprit fête sera de la partie pour le défilé, “la plus grande parade chorégraphique d’Europe”, selon la Biennale.

Ce défilé d’artistes amateurs devrait réunir 4 000 participants dans les rues lyonnaise le 10 septembre, après notamment la précédente édition, allégée, qui avait été reportée à 2021 du fait de la pandémie de Covid-19.

“Marqueur” de la biennale, il se veut “un clin d’œil” aux Jeux olympiques 2024 : douze troupes comptant chacune de 150 à plus de 300 danseurs, sous la houlette de chorégraphes de la région, se sont associées à des clubs, des disciplines, pour “piocher dans les gestes du sport”, créer sur les sons d’un ballon de basket, ou s’inspirer de la ola des supporteurs, a expliqué mardi Tiago Guedes.

Le chorégraphe portugais, nommé il y a un an à ce poste de direction artistique et à celui de directeur de la Maison de la danse, dit avoir programmé cette 20e édition, “de transition”, “à quatre mains, avec (sa) prédécesseure, Dominique Hervieu”.

Elle comptera 48 spectacles, dont 21 créations ou premières en France, de 46 chorégraphes et troupes venus de 14 pays.

Enjeux sociétaux

La Biennale n’est pas thématique, mais plusieurs chorégraphes “questionneront des enjeux politiques et sociaux”.

Avec ART. 13 (de la déclaration universelle des droits de l’homme, proclamant la liberté de circulation des humains), la chorégraphe Phia Ménard parle ainsi de frontières, géopolitiques ou séparant l’homme de la nature.

Le message politique de Lia Rodrigues est l’essence même de sa Companhia de Danças qui dansera Encantado : installée dans une favela de Rio, Maré, elle y a aussi créé une “école libre de danse” pour démocratiser l’accès à cet art.

À côté des spectacles d’Anne Teresa de Keersmaeker, de Catherine Gaudet, Sidi Larbi Cherkaoui, Christos Papadopoulos et bien d’autres, la Biennale cible aussi un public jeune avec des spectacles hip hop, ou une scène ballroom (née des milieux trans et racisés).

Les anciennes usines Fagor à Lyon accueilleront également une installation, de la photo, de la vidéo et un “club Bingo” pour des fêtes dansantes “mémorables”.

En parallèle : ateliers, cours de danse, rencontres avec les artistes…

Le tout pour un budget de 6,3 millions d’euros, à 59% venant de fonds publics, le reste provenant de mécènes et de la billetterie, précise le président du conseil d’administration de la Biennale de Lyon, Laurent Bayle.

Mais la Biennale de la danse n’a pas échappé à la réduction des subventions de la région, présidée par le LR Laurent Wauquiez, qui entend réorienter les subventions vers les “territoires les plus éloignés de l’offre culturelle”.

Son “soutien était de 750 000 euros en 2021, de 500 000 en 2022 et une récente annonce le projette à 450 000 en 2023”, a reconnu M. Bayle, tout en précisant avoir été “sollicité par la région pour répondre à un appel d’offre qui permettrait d’avoir une aide supplémentaire” pour des projets spécifiques.

“Aucun acteur culturel n’est habilité à se substituer à la décision publique”, a-t-il souligné. Cependant, “quand un partenaire public annonce un recul au nom du fait que nous serions en déficit de relations avec des publics défavorisés notamment ceux qui vivent loin des centres-villes… que ressentir ? Une forme de malaise, de quiproquo ou d’incompréhension”, a-t-il aussi expliqué.

“Ce qui ne nous empêche pas de nous interroger : est-ce que la Biennale répond totalement aux mutations sociétales, aux attentes de nouveaux publics ? Non, ou de façon incomplète. On doit l’accepter, mais dans le cadre d’un débat constructif”, a-t-il ajouté.

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