Django Reinhardt

Festival Django Reinhardt : la symphonie Django, 70 ans après

La musique de la légende du jazz manouche interprétée par quelques-uns de ses héritiers sur des arrangements pour orchestre symphonique : tel sera le clou du festival Django Reinhardt, dont on commémore les 70 ans de la disparition, de jeudi à dimanche à Fontainebleau.

“Django Reinhardt, c’est quelqu’un né dans un terrain vague, dans une caravane, totalement autodidacte, ne sachant pas lire la musique, devenu l’un des musiciens les plus importants du XXe siècle en ayant composé des oeuvres majeures”, souligne Sébastien Vidal, directeur artistique du festival et directeur des programmes à TSF Jazz.

Connu mais pas assez reconnu ? Il a un festival à son nom, une place éponyme dans le nord de Paris, une statue à son effigie à Samois-sur-Seine, petite ville des bords de Seine où il vécut ses dernières années, il a fait l’objet d’un biopic avec Reda Kateb dans le rôle-titre… Mais Sébastien Vidal et Thomas Dutronc, à l’affiche dimanche, estiment que Django Reinhardt n’est pas reconnu institutionnellement à la hauteur de son génie.

“C’est dommage qu’on ne se rende pas compte de la chance qu’on a d’avoir Django Reinhardt dans notre patrimoine français et européen (…) On devrait lui rendre hommage de manière beaucoup plus énorme”, estime le chanteur à succès. “Il devrait être au Panthéon.”

“N’importe quel quidam aux Etats-Unis a entendu parler de Django. C’est le seul jazzman européen à avoir influencé les Américains, ce qui assez incroyable, et on ne s’en rend pas compte”, poursuit Thomas Dutronc.

“C’est le seul musicien français de jazz à bénéficier d’un tel statut”, ajoute Sébastien Vidal.

“J’ai écouté pour la première fois Django à l’âge de 18 ans, tout d’un coup je découvrais quelque chose de différent et de complètement lunaire”, se souvient Thomas Dutronc, qui se produira dans un nouveau trio de guitaristes dont les autres protagonistes, Rocky Gresset (membre de son groupe depuis plusieurs années) et Stochelo Rosenberg (un dinosaure du genre) appartiennent à la communauté manouche.

“Toujours surprendre”

“Il a une capacité à toujours vous surprendre, il ne refait jamais la même phrase, c’est le parfait improvisateur. C’est toujours inspiré, toujours musical. On dirait que ses improvisations sont écrites”, décrypte le chanteur, qui est aussi un habile guitariste.

Inventeur du jazz manouche dans les années 1930 au sein du quintet du Hot Club de France, Django Reinhardt fit converger dans sa musique divers éléments. Lorsqu’il émergea, le jazz n’en était qu’à ses débuts. Il est à l’origine de la fusion des mélodies tziganes et du swing, ajoutant à ce style nouveau sa poésie, sa sensibilité et son inspiration. Il se passionnait aussi pour le classique (Fauré, Ravel), le baroque (Bach), et composa même une pièce pour orgue.

Dans le cadre de la 43e édition du festival, Biréli Lagrène, Angelo Debarre et Adrien Moignard, dans le rôle des guitaristes, feront revivre les compositions, pour certaines passées à la postérité (Nuages, Manoir de mes rêves, Anouman), du musicien.

Les arrangements pour l’Orchestre national d’Ile-de-France qui les soutiendra samedi soir ont été écrits par Samuel Strouk, déjà auteur d’un concerto pour guitare et orchestre symphonique.

Au-delà des têtes d’affiche (Gogo Penguin, Gregory Porter, le contrebassiste israélien Avishai Cohen…), une autre formation, “Génération Django”, lui rendra hommage. Cet ensemble de jeunes musiciens donnera un autre éclairage de ses œuvres, avec l’apport d’un quatuor à cordes.

Les organisateurs attendent parmi les festivaliers “beaucoup de jeunes, spectateurs mais aussi souvent musiciens, qui viennent notamment d’Europe du Nord (Belgique, Pays-Bas, Allemagne…)”, indique Jean-Pierre Guyard, président de l’association du Festival Django Reinhardt, organisatrice de l’événement

“La musique de Django est une musique qui perdure et ne vieillit pas.”

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