Leys dans « Nouvelle école » sur Netflix
Leys dans « Nouvelle école » sur Netflix - Netflix

“Masculine” ou “sexualisée”, Leys face aux clichés de l’industrie du rap

"Meuf très féminine qui parle de sexe" ou "très masculine, presque femme de quartier" : la jeune rappeuse Leys déplore d'avoir à lutter contre les clichés pour se faire une place dans l'industrie musicale.

“Quand tu es une fille, on a du mal à t’écouter. Il y a des gens dans ce milieu qui pensent avoir la recette de tout, alors que non”, continue Leys, 25 ans, finaliste de la première saison de Nouvelle Ecole, télé-crochet rap de Netflix.

“Il y a les deux extrêmes : soit on va te demander d’être une meuf très féminine qui parle de sexe dans ses textes, qui sexualise la femme, soit d’être très masculine, il faut presque faire la femme de quartier”.

“On n’arrive pas à autoriser aux artistes féminines la même polyvalence qu’on accepte totalement chez des mecs. Il y a les clichés: soit hardcore, soit sentimentale”, confirme Ismaël Mereghetti, animateur de l’émission Studio 41, consacrée au rap et ses courants, sur la radio Mouv’.

Pourtant, “Leys, comme d’autres, est capable de jouer sur tous ces tableaux”.

“Flow et prestance”

“Le rap, c’est une maladie. Tu ne peux pas arrêter”. Leslie Makiesse est tombée dedans à 15 ans, dans son quartier de Reims, où elle écoutait Kery James ou Diam’s.

Lancée dans l’écriture après avoir découvert l’Américaine Nicki Minaj, elle est repérée sur les réseaux sociaux, où elle rappe ses propres textes.

Leys attire l’œil des labels et est retenue en 2020 par le Printemps de Bourges, qui suit des jeunes pousses sur la durée avec le dispositif Les Inouïs.

“Inconnue au bataillon, elle avait frappé les esprits de tout le monde. J’étais marquée par son flow et sa prestance”, se remémore Rita Sa Rego, patronne des Inouïs.

Mais son producteur et “ses équipes ne l’écoutaient pas. On lui disait: “fait plutôt comme ci ou comme ça” (…) Il a fallu qu’elle montre les crocs”, raconte Rita Sa Rego.

La brouille conduit au blocage de la chaîne YouTube de Leys. “Elle n’avait plus de “prods” (de morceaux, ndlr). Elle a dû tout refaire”, ajoute la responsable.

Mais, “acharnée du travail” et “à l’écoute des conseils”, l’artiste remporte le prix du jury des Inouïs, décerné par des professionnels. Et elle est repérée par Netflix. “J’avais gagné avec du rap et avec mes textes. Ca m’a donné un coup de boost”, dit la rappeuse.

“Beaucoup de choses à dire”

En juin 2022, “Nouvelle Ecole”, concours présidé par les rappeurs SCH, Shay et Niska qui offre 100 000 euros au gagnant, débarque. Leys atteint la finale avec son titre Parabellum, face à Elyon et au vainqueur, Fresh Lapeufra.

Elle est alors critiquée sur les réseaux pour avoir perdu ses moyens. “Il y avait des mecs qui pleuraient mais on ne l’a pas montré”, déplore-t-elle.

“Dans la saison 2 (aucune femme n’a passé la première épreuve, ndlr), il y en a qui se rataient mais on en n’a pas autant parlé. Certains ne toléraient pas qu’une femme aille jusqu’au bout”, estime-t-elle. Toutefois, l’artiste “ne regrette absolument pas” sa participation.

Depuis, elle a sorti des morceaux mais n’a pas eu “autant d’exposition que d’autres qui ont fait Nouvelle Ecole“, estime Ismaël Megheretti, qui l’a reçue dans son émission en septembre 2022 pour “une des meilleures prestations qu’on a eues cette année”.

Pour se sentir enfin écoutée, Leys s’est entourée de ses proches. “Eux, ils me connaissent”, justifie-t-elle.

Après son morceau Minimum Love avec Fresh Lapeufra, sorti début juin, elle travaille avec l’ancien producteur de Diam’s, Masta, sur plusieurs projets et espère “toucher plus de gens”.

“Nous, les femmes, on a encore beaucoup de choses à dire. Quand on regarde bien, les hommes, on a un peu fait le tour”, termine Leys.

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