« Les Feuilles mortes », d'Aki Kaurismäki
« Les Feuilles mortes », d'Aki Kaurismäki -Copyright Sputnik Oy-Pandora Film-Malla Hukkanen

“Les Feuilles mortes”: Kaurismäki renoue avec le spleen et l’épure

Acclamé à Cannes d'où il est reparti avec le prix du jury, le Finlandais Aki Kaurismäki, expert en spleen et humour décalé, signe avec "Les Feuilles mortes", en salles mercredi, un mélodrame tout en épure.

En une heure et vingt-et-une minutes, l’auteur du Havre et de L’Homme sans passé narre la rencontre improbable entre Ansa, une caissière de supermarché licenciée pour le vol d’un sandwich, et Holappa, un homme alcoolique. Rendez-vous ratés, accident… Tout semble se liguer pour que les deux amants ne se rencontrent jamais vraiment.

Epure des dialogues et de la mise en scène, humour des situations et sens du décalage, Kaurismäki a réduit l’intrigue à l’essentiel pour ce nouveau film, le premier depuis L’Autre côté de l’espoir (2017) sur les réfugiés.

Entre-temps, la guerre en Ukraine s’est invitée dans l’actualité et dans la vie des Finlandais, qui partagent une frontière avec la Russie.

Un sujet que le cinéaste, au style d’ordinaire atemporel et volontairement désuet, a ici introduit avec ses protagonistes écoutant les nouvelles de la guerre à la radio.

Le plus célèbre des réalisateurs finlandais, qui travaille depuis 40 ans avec la même équipe, s’est aussi tourné vers une nouvelle génération d’acteurs en enrôlant Alma Pöysti et Jussi Vatanen, pour incarner ces deux âmes esseulées issues de la classe ouvrière.

“Nous sommes débutants dans l’univers d’Aki”, confirment-ils, de passage à Paris. S’ils connaissaient bien le style du cinéaste, ils ont dû découvrir et s’habituer à ses méthodes de tournage.

“Il ne fait qu’une prise, parfois deux. Il ne veut pas qu’on répète”, raconte Alma Pöysti.

“Au début, ça faisait assez peur mais, quand le tournage commençait, c’était quelque chose de merveilleux. Ca nous donne comme une espèce d’élan, il faut que tout soit bien” en une prise, renchérit son partenaire à l’écran.

Film mélancolique, qui parle de solitude, d’alcoolisme et de difficulté de vivre, Les Feuilles mortes fait mentir les sondages affirmant que la Finlande est un des pays les plus heureux au monde.

“Ce qui est très finlandais dans le film est qu’on n’a pas besoin de parler tout le temps, on n’a pas peur du silence”, sourit Jussi Vatanen, après une rencontre avec le public parisien.

Les Feuilles mortes se double également d’un hommage malicieux au cinéma, entre le Chaplin des Lumières de la ville, le film de zombies The Dead don’t die de Jim Jarmusch et les affiches du Mépris, de Rocco et ses frères et Brève rencontre qui parsèment le film.

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