Beaune
Beaune - Alexander Demyanenko / Shutterstock

Vin : les enchères de Beaune sous les auspices de Thierry Lhermitte mais sans records

La vente des vins des Hospices de Beaune, rendez-vous annuel du luxe et de la charité, a mis fin, dimanche, à sa course effrénée aux records, malgré le parrainage de l'acteur culte Thierry Lhermitte, venu pousser les enchères face aux plus grands acheteurs du monde entier.

La vente des vins des Hospices de Beaune, rendez-vous annuel du luxe et de la charité, a mis fin, dimanche, à sa course effrénée aux records, malgré le parrainage de l’acteur culte Thierry Lhermitte, venu pousser les enchères face aux plus grands acheteurs du monde entier.Le talent d’orateur et l’humour de Thierry Lhermitte, l’acteur du film fétiche Les Bronzés, épaulé par l’autre parrain de la vente, Michel Cymes, médecin animateur d’émissions de santé du petit écran, n’ont pas suffi à booster les enchères du lot-vedette, adjugé pour “seulement” 350 000 euros (hors frais), soit 1 215 euros la bouteille.

Comme il est de tradition, les enchères avaient réservé une pièce (comme on appelle un fût en Bourgogne) pour une cause particulière.

L’an dernier, ce fût, alors réservé à la cause des enfants, avait été adjugé 810 000 euros, soit plus de 2 800 euros la bouteille.

Pour cette 163e édition, c’est au “bien-vieillir” que revient le bénéfice de ce fût d’exception, tant par le contenu (un Mazis-Chambertin Grand Cru) que par le contenant : la “pièce” a été façonnée dans un chêne de 220 ans ayant servi à la reconstruction de la flèche de Notre-Dame de Paris.

Le produit de cette “pièce de charité” ou “pièce des présidents”, sera ainsi versé à deux associations : la Fondation pour la recherche médicale (FRM, parrainé par Thierry Lhermitte) et l’Initiative pour la recherche sur la longévité en bonne santé (IRLB, soutenu par Michel Cymes).

Une fois la pièce écoulée, les enchères se sont poursuivies à un rythme effrénée, les plaquettes numérotées se levant dans la foule des quelque 800 acheteurs d’Europe, d’Amérique et de plus en plus d’Asie, dans l’espoir de mettre la main sur un prestigieux Pommard, Corton ou autre Meursault.

“10.000, 14.000, 18.000…”, les chiffres vertigineux défilent dans la bouche de la commissaire, sous les Halles de la “capitale” des vins de Bourgogne, Beaune (Côte d’Or), face à l’Hôtel-Dieu médiéval aux tuiles vernissées, berceau des Hospices nées en 1443, rappelant la succession de records connue ces dernières années par la plus ancienne enchère caritative de vins au monde, née en 1849.

Moins de fûts

De 2018 à 2022, le prix moyen d’une “pièce” a plus que doublé, passant de 16.849 à 35.980 euros.

Ce qui est présenté n’est pourtant qu’un vin primeur, qui sort donc tout juste des vendanges. Au prix adjugé, il faut ajouter les commissions d’enchères mais aussi le coût de l’élevage en fût, d’un à deux ans, puis de sa mise en bouteilles.

Cela ne freine pas une demande sans cesse en hausse : en 2022, la vente avait engrangé près de 29 millions d’euros, plus du double du record de 2018 (14 millions).

“Le vin de Bourgogne, malgré le prix, est toujours au top, c’est le meilleur du monde !”, assure à l’AFP Cikuni Taneyama, un Japonais qui en est à ses 5e enchères à Beaune.

“Mondialement, tout le monde aime le bourgogne”, renchérit David Hu, Chinois basé à Paris qui importe pour l’Asie. “Les prix ont beaucoup augmenté. Ca reste toujours intéressant mais il faut penser au prix maintenant”, reconnaît-il.

Le millésime 2023, s’il est généreux, a fourni moins de fûts qu’en 2022 – 753 contre 817 – ce qui semble rendre difficile un nouveau record de recette totale.

“La récolte était très généreuse mais nous avons trié de manière très drastique car tous les raisins n’étaient pas propices”, a expliqué Ludivine Griveau, régisseur du domaine viticole des Hospices, qui couvre 60 hectares.

Le nombre moins important de lots pourrait cependant pousser encore le prix moyen de la pièce, sous le vif enthousiasme des amateurs, d’autant plus difficile à réfréner qu’il s’agit d’une bonne cause.

“On vient autant pour les vins que pour la charité”, assure le Chinois David Hu.

Les recettes engendrées sont en effet destinées à la conservation du patrimoine tel que l’Hôtel-Dieu médiéval de Beaune, mais aussi à la modernisation de l’équipement des quatre hôpitaux et six Ehpad que comptent les Hospices, soit un millier de lits.

L’institut ne reçoit aucune aide de l’État pour ces dépenses, entièrement financées par les vignes confiées en legs et dons à l’établissement depuis sa fondation en 1443.

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