« Le monde réel », 14e album de Dominique A
« Le monde réel », 14e album de Dominique A - DR

Dans son nouvel album, Dominique A affronte “Le monde réel”

 "Je ne me vois pas arriver avec des chansons qui ne font pas référence à ce qui nous pend au nez" : Dominique A aborde les périls environnementaux dans "Le monde réel", avant de jouer sur une corde plus personnelle.

Le réchauffement climatique traverse les premiers morceaux, un titre comme Désaccord des éléments parlant de lui même. “Toute la première phase de l’album est ponctuée de ce sentiment, cette pression d’une catastrophe imminente, mais je fais oeuvre de poésie, sinon ce serait enfoncer des portes ouvertes”, commente pour l’AFP l’artiste, rencontré à Paris.

Si Dominique A était resté uniquement sur cette ligne, ce 14e disque aurait pu lasser. Ce qui n’est pas le cas.

“Yann Arnaud (complice, musicien et arrangeur) me disait que ce serait bien d’ouvrir un peu, sinon ça allait être un peu apocalyptique, donc le disque part ensuite sur un terrain plus intime”, confie le chanteur.

Car l’année des 30 ans de La Fossette, album fondateur devenu culte, fait-maison en solitaire, le musicien a tourné le dos à ce processus minimaliste et s’est entouré d’une bande de musiciens pendant 25 jours de sessions au studio-résidence de La Frette, aux portes de Paris.

“Je planais complétement”

“L’idée, c’était un disque de travail collectif, ma partie c’est de chanter, de garder les feuilles (oreilles) grandes ouvertes, point barre, je ne voulais pas jouer sur une guitare. Je devais intervenir comme interprète et maître d’œuvre”, décrit celui qui est d’habitude auteur-compositeur-interprète.

Le morceau Avec les autres résume bien la genèse de l’opus. “Cette chanson est née in situ, à La Frette, elle a été écrite dès les premiers jours de l’enregistrement dans l’euphorie du travail collectif, je planais complétement, il y avait un truc naturel”.

La dernière fois qu’il avait travaillé avec un groupe, c’était pour Toute latitude (2018) mais “c’était très différent, très écrit, avec un défilé de musiciens; là les chansons naissaient de prises en live, j’amenais la base du morceau et on y allait”.

Les musiciens, recrutés par Dominique A, ne se connaissaient pas tous et n’avaient pas tous joué dans un format pop auparavant. “Le postulat de départ était de travailler les atmosphères, même si ça reste un disque de chansons”.

La structure de Dernier appel de la forêt rappelle un morceau jazz où tous les musiciens s’installent puis construisent. Il en ressort un souffle séduisant. D’ailleurs Le monde réel évite tout étouffement.

“Un lieu habité”

Même la deuxième partie plus introspective s’offre de beaux panoramiques, à l’image de La maison. “Ce titre, c’est une divagation, comme un road-movie, sauf qu’ici c’est une marche, un périple un peu vague, fantasmatique; le lieu me dicte une histoire, en l’occurrence une baie dans le Morbihan, une anse à contourner, je me suis laisser guider”.

L’endroit où a été enregistré Le monde réel a aussi son importance. La Frette est un manoir qui héberge les musiciens le temps des sessions et a vu défiler de beaux spécimens comme Marianne Faithfull, Idles, Nick Cave ou encore Izïa. Ce type de studio-résidence rappelle la glorieuse époque du Château d’Hérouville (à 50 km de Paris), qui fut fréquenté il y a cinq décennies par Elton John, Iggy Pop, David Bowie ou encore Jacques Higelin (père d’Izïa).

“C’est un lieu habité, chargé, et il y a même un coq baptisé Armageddon qui caquète tout le temps. C’est un lieu avec un côté roots, du matériel des fois défectueux (rires), un toit bâché depuis dix ans -il a plu dans ma chambre un soir d’orage- ça fait partie du charme. Comme tout Hérouville, c’est voué à la faillite, mais ça peut encore durer des années”.

Les Arctic Monkeys le plébiscitent et sont y revenus pour leur futur album The Car prévu le 21 octobre.

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