Jok'air dans le clip "Garde la tête haute"
Jok'air dans le clip "Garde la tête haute" - Youtube

Jok’air coche les cases rap et BD solidaire

Nouvel album pour le rappeur Jok'air, qui distribue aussi une BD à visée pédagogique dans des écoles classées REP, façon de tendre la main à son tour après avoir bénéficié enfant de chaînons solidaires.

La BD Melvin de Paris – Sur zone !, avec Logann Kerouasse au crayon, est diffusée avec l’association La Mélodie des Quartiers, qui œuvre pour faciliter l’accès à la culture. Les écoles primaires et collèges en REP (réseau d’éducation prioritaire) sont ciblés en priorité pour donner 60 000 exemplaires de ce roman graphique, outil pour inciter à la lecture, dont Jok’air enfant est le héros. Melvin est son vrai prénom.

Les “messages positifs” véhiculés dans les cases, comme ne jamais renoncer à ses rêves, “sont ceux inculqués dans mon éducation, qui ont fait ce que je suis aujourd’hui”, confie à l’AFP le rappeur parisien. Qui a Titeuf, célèbre personnage de bande dessinée, tatoué sur le bras droit.

Cette distribution gratuite est un renvoi d’ascenseur pour ce trentenaire issu d’une famille défavorisée qui a “grandi avec des aides associatives”, Restos du Coeur, Croix Rouge. Sans oublier l’association suisse Kovive qui lui a permis d’échapper à la cité HLM le temps des vacances, dans le chalet helvète d’une famille d’accueil.

“Je ne cache rien”

Jok’air fait partie de ces rappeurs qui cultivent “le désir d’un monde meilleur”, comme l’a dit à l’AFP le rappeur Oxmo Puccino, qui avait convié son cadet pour son spectacle créé au dernier Printemps de Bourges.

La BD propose aussi des quiz sur des figures célèbres, comme le boxeur Mohamed Ali, pour pousser les enfants à se renseigner sur leur histoire. “J’espère qu’il feront comme moi, je suis comme ça, fana d’encyclopédies, aujourd’hui on a la chance d’avoir internet et nos smartphones”, rebondit l’artiste.

Melvin de Paris – Sur zone !, suite d’un premier tome Soupap !, suit les déambulations d’un personnage central à la peau noire, la famille de Jok’air, né à Paris, ayant des racines ivoiriennes.

“Je suis d’une génération où il n’y avait pas de super-héros noirs, mais le but de cette BD avant tout c’est de ne plus voir les différences”, assène-t-il.

Dans son disque Melvin de Paris, sorti vendredi, Jok’air creuse son sillon, entre autoportrait sans fard –“je ne cache rien de mes addictions, de mes peurs, mes échecs”- et société française passée au scanner.

Damso, Jacques Vendroux

Celui dont un des alias fut Jok’Chirac n’a rien perdu de son attrait pour la politique. Sur la pochette de son précédent album VIe République, on le voyait sur un balcon, levant le bras d’une présidente de la République de fiction, qui n’était autre qu’Assa Traoré. Militante, sœur d’Adama Traoré, jeune homme noir mort en 2016 peu après son arrestation par des gendarmes au terme d’une course-poursuite.

Melvin de Paris s’ouvre cette fois sur le titre Je vis cette mélodie, qui fait référence aux fameux propos de 1991 de Jacques Chirac, maire RPR de Paris et futur président : “le bruit et l’odeur” de voisins “étrangers” qui peuvent rendre “fou” le travailleur français et avaient déjà inspiré les Toulousains de Zebda.

“Au départ, cette phrase stigmatise une communauté, mais on se l’approprie pour retourner la situation”, souligne-t-il.

“Ma mère, des fois, va cuisiner des plats avec une odeur inhabituelle pour ma voisine, oui, ça c’est nous; trois garçons à la maison avec les tantes, les cousins, oui, ça fait du bruit, et ce n’est pas une honte, on est fier de notre vie”.

Dans Tous les jours c’est samedi, le rappeur évoque sa mère, femme autrefois battue. Son album regorge ailleurs d’invités prestigieux (Damso, Laylow, Soprano) et de surprises, entre Tu m’as eu, titre-clin d’œil à You got me de The Roots et une dédicace vocale de Jacques Vendroux, voix mythique du foot à la radio (Downtown).

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