Le port de pêche de Cassis, en Provence
Le port de pêche de Cassis, en Provence - Sina Ettmer Photography / Shutterstock

A Marseille, un musée dédié aux artistes inspirés par la Provence fête ses 10 ans

Couleurs vives, paysages baignés de soleil : installé dans l'ancienne station sanitaire du port de Marseille, Regards de Provence, rare projet de musée privé, fait la part belle depuis dix ans aux artistes inspirés par le Sud de la France et sa lumière.

“On voulait absolument partager (…) le plaisir de pouvoir contempler ces œuvres”, explique à l’AFP Pierre Dumon, 85 ans, fondateur de ce musée situé face à la Méditerranée, mais surtout à l’origine d’une collection d’art entamée il y a vingt-cinq ans qui compte aujourd’hui un millier d’oeuvres.

Ces tableaux racontent “Marseille, la Provence, la Méditerranée, l’orientalisme”, souligne Adeline Dumon, fille de Pierre et directrice du musée. Ils émanent d’“artistes provençaux”, mais aussi d’autres “qui sont venus dans le Sud et qui ont peint la lumière et les paysages”.

Pierre Dumon n’était pourtant pas collectionneur au départ. C’est alors qu’il achève une carrière de marbrier qu’il devient un acteur dans le paysage artistique marseillais avec sa femme Michèle (aujourd’hui décédée) avec pour ambition de partager une fortune qui leur échoit par lien familial.

Le frère de Michèle était Pierre Bellon, fondateur du géant de la restauration collective Sodexo, dont la fratrie était actionnaire.

Cette fortune, “c’était trop et mes parents disaient voilà, c’est le destin, on n’en n’a pas besoin, ça veut dire qu’on doit la partager, on ne peut pas le garder pour soi, ce n’est pas possible”, raconte Adeline Dumon.

Pierre Dumon démarre alors, il y a 25 ans, avec son épouse Michèle, la fondation “Regards de Provence” qui prendra la forme d’un musée en 2013.

Dans ce sud de la France qui a inspiré tant d’artistes, Cézanne ou Van Gogh parmi les plus grands, peu de musées permettent aux Provençaux de voir comment les paysages de leur région ont pris forme sur la toile.

Le couple s’oriente alors vers des tableaux qui montrent “à la fois la vue de la Provence” mais aussi “la vue de Provençaux vers l’extérieur”, souligne Pierre Dumon.

Initialement “on n’avait pas de collection”, puis “on a acheté tous les ans une cinquantaine de tableaux” raconte-t-il. L’investissement de départ était de 6,2 millions d’euros. Le budget annuel oscille désormais “suivant les années, entre 800 000 et un million d’euros”.

Première résidence d’artiste

“On a une certaine fortune, mais on n’a pas la possibilité d’acheter tous les grands noms” comme Cézanne ou Picasso, analyse Pierre Dumon, qui a rassemblé dans sa collection un panel d’oeuvres allant du 18e siècle à nos jours.

“Il y a tellement d’artistes qui sont, de mon point de vue, d’aussi bonne qualité que les très grands”, poursuit l’octogénaire, évoquant pèle-mêle Emile-Othon Friesz, Charles Camoin, Pierre Ambrogiani.

Mais le couple compte aussi dans sa collection des œuvres de grands noms comme le surréaliste, Francis Picabia, ou le poète-peintre-dessinateur français Jean Cocteau.

Outre l’histoire originale de la collection, la particularité du musée “Regards de Provence” tient aussi au lieu où il a élu domicile.

La station sanitaire maritime, ouverte en 1948, a accueilli pendant quelques années les migrants qui arrivaient au port. A l’intérieur du musée ont été conservés de nombreux éléments architecturaux d’origine, et notamment la vaste salle des étuves où était désinfecté le linge.

C’est dans ce bâtiment atypique que l’artiste Isabelle Ha Eav Ruiz a travaillé, au contact des visiteurs du musée, en juin et juillet. Elle est la lauréate de la première résidence mise en place par le musée, à l’occasion de ses 10 ans, dans le but de soutenir des artistes contemporains.

Moins connu que son voisin, le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem), ouvert à la même période en 2013, “Regards de Provence” accueille chaque année entre 50 000 et 60 000 visiteurs.

En dehors de Marseille, le musée propose des expositions “Hors les murs” qui ont été présentées en Finlande, en Estonie ou encore au musée Sursock de Beyrouth.

Plus d’infos ici.

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