Jean-Pierre Daroussin et Ariane Ascaride dans " Et la fête continue ! », de Robert Guédiguian
Jean-Pierre Daroussin et Ariane Ascaride dans " Et la fête continue ! », de Robert Guédiguian - Copyright AGAT FILMS - BIBI FILM - France 3 CINEMA

Les 40 ans de carrière du réalisateur Robert Guédiguian à l’honneur dans son berceau marseillais

Fort de 23 films, c'est "Avec le cœur conscient" que le réalisateur marseillais Robert Guédiguian revient dans son berceau, à la Friche de la Belle de Mai, lieu culturel où une exposition plonge dans les coulisses de sa riche filmographie.

“Ceux qui ont vu tous mes films ne vont pas apprendre” des choses nouvelles mais “ils vont par contre voir des choses inattendues sur les fondations” de mes films, “c’est comme une espèce de “making-of””, a expliqué à l’AFP le réalisateur de 69 ans, connu entre autres pour Marius et Jeannette, sorti en 1997 et qui a valu à la comédienne Ariane Ascaride le César de la meilleure actrice.

L’exposition “Avec le cœur conscient”, qui se tient jusqu’au 14 janvier à Marseille, ville qui est à la fois le berceau du cinéaste et le décor de la plupart de ses films, montre “les dessous de fabrication” de ces derniers avec “des repérages”, “des scénarios” mais dans leurs “versions pas définitives”, “des dessins de costumes, des rushes” ainsi que “des montages” et “des vieilles interviews”, détaille le réalisateur, dont les films ont été présentés plusieurs fois à Cannes.

Des affiches de films, finalement retenues ou non, ainsi qu’une moto fétiche qui accompagne Robert Guédiguian depuis ses 17 ans et figure dans plusieurs de ses long métrages, font également partie des objets exposés.

“Cela représente 43 ans de travail donc d’un coup, cette épaisseur-là, je la mesure”, s’émeut le cinéaste qui a réalisé son premier film, Dernier été, en 1980, et dont le 24e, La Pie voleuse, est actuellement en production.

Depuis ses débuts, le réalisateur s’est entouré d’une troupe de comédiens fidèles parmi lesquels Ariane Ascaride – son épouse à la ville –, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan ou encore, plus récemment, Anaïs Demoustier.

“Il y a une satisfaction d’avoir fait tout ça, ce n’est pas rien” mais “il y a une vraie nostalgie” aussi, ajoute ce Marseillais, qui estime que la “ville-monde” est “un peu une clé de (sa) philosophie”.

Effondrement de l’action collective

Marseille est “l’endroit où je suis né, où mon point de vue est né : la première fois où j’ai vu quelque chose, distingué quelque chose, c’était à Marseille et je crois que cela a influencé, fabriqué mon regard depuis les origines”, ajoute-t-il.

Avec “La Friche” aussi, cette ancienne manufacture de tabac devenue dans les années 1990 l’un des premiers tiers-lieux culturels d’Europe, en plein coeur d’un quartier très défavorisé de Marseille, c’est un retour aux origines qui s’opère.

“J’ai tout fait pour essayer qu’elle se développe le temps où j’en ai été président (de 2002 à 2007, NDLR) et je continue. C’est rare que je ne tourne pas une ou deux séquences ici”, explique-t-il.

Ce lieu polyvalent “essaye maintenant d’avoir une fonction d’éducation populaire, de pédagogie”, or “moi je n’ai jamais conçu l’art autrement que comme un moyen d’intervention dans le monde dans lequel nous vivons”, assure Robert Guédiguian.

Pour “Et la fête continue”, son prochain long métrage qui sort le 15 novembre et dont l’avant-première sera projetée dans un cinéma du quartier, le réalisateur abordera le drame de l’effondrement de deux immeubles insalubres rue d’Aubagne, à Marseille, qui avait fait huit morts en novembre 2018.

“Cet effondrement-là, pour moi, a été l’effondrement aussi d’une manière de vivre ensemble, d’une manière d’action collective, d’une manière de faire de la politique. C’est ce que j’essaye de raconter dans le film” qui évoque la façon “symbolique, métaphorique, poétique” dont “j’ai interprété en fait cet effondrement”.

Mais ce sera “un film optimiste”, promet celui qui veut s’efforcer de surtout aller de l’avant et “continuer à œuvrer”.

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