Catherine Deneuve en Bernadette Chirac dans le film « Bernadette »
Catherine Deneuve en Bernadette Chirac dans le film « Bernadette » / Capture d’écran Warner Bros

“Bernadette”, un biopic en “carton-pâte” avec Catherine Deneuve

Une Bernadette Chirac "fantasmée", en "carton-pâte": un vrai-faux biopic désopilant inspiré de la vie de l'ex-première dame sort mercredi 5 octobre en salles, avec Catherine Deneuve dans le rôle-titre.

Sobrement intitulé Bernadette, il est réalisé par Léa Domenach, dont c’est le premier long-métrage.

D’emblée, l’affiche donne le ton : l’épouse du président Chirac (campée par Catherine Deneuve, bientôt 80 ans), apparait au centre, brushing années 90 et lunettes de soleil, dans un tailleur fuschia… qui se fond dans la tapisserie.

“Je voulais que ce soit un film lumineux, coloré et surtout drôle”, explique sa réalisatrice à l’AFP. “A aucun moment, je n’ai cherché à être dans le naturalisme”, poursuit-elle, assumant le côté théâtral du film.

La famille de l’ancien président, décédé en 2019, n’a pas été sollicitée et a décrié le projet de film. Âgée de 90 ans, Bernadette Chirac est retirée de la vie publique.

“Vie pourrie”

L’histoire pourrait être banale. Celle d’un couple désuni, d’une épouse meurtrie par les infidélités répétées de son époux. Mais parce qu’il s’agit du couple présidentiel (1995-2007), elle ne l’est pas.

Bernadette Chirac, “c’est un personnage qui a un peu bercé mon enfance et mon adolescence”, confie la réalisatrice. J’en avais l’image d’une personne ringarde, un peu acariâtre alors qu’en réalité, c’était quelqu’un de très drôle”. D’où l’idée de ce faire ce film.

“On a le point de vue des hommes depuis des années. Là, j’avais envie d’avoir le point de vue d’une femme effacée, humiliée, qui avait toutes les cartes en main pour faire une carrière politique”, poursuit-elle.

Le film n’est pourtant pas une réhabilitation de Bernadette Chirac, prévient-elle. “C’est davantage un film sur les femmes de cet age-là, de ces milieux-là, qu’on traitait d’aigries alors qu’elles avaient une vie pourrie”.

La mise en scène – parfois loufoque avec l’apparition à plusieurs reprises d’une chorale ou d’une scène de théâtre – rend l’idée d’une femme en décalage avec son temps.

Isolée, méprisée voire ridiculisée : la Bernadette Chirac de Léa Domenach est une femme incomprise qui subit les railleries des conseillers du président… et de sa fille Claude, elle-même conseillère de Jacques Chirac.

“Deux icônes”

L’une des forces du film réside dans ses acteurs : Sara Giraudeau (dans le rôle de Claude Chirac), Bruno Podalydès (le spin doctor de Bernadette), Michel Vuillermoz (le président Chirac) et surtout, Catherine Deneuve.

“J’avais immédiatement pensé à elle”, dit la réalisatrice, qui précise aussitôt que “personne n’y croyait”. L’actrice s’était faite rare depuis son AVC en 2019 sur le tournage du film De son vivant d’Emmanuelle Bercot.

Deneuve signe ici son retour dans un premier rôle.

“J’étais très impressionnée”, confie à l’AFP Sara Giraudeau. “Il y avait comme une glace entre elle et moi. J’avais quelque chose à casser pour que le rapport puisse exister”.

“Entre l’icône Deneuve et l’icône Bernadette, l’idée c’était de trouver un troisième personnage pour lequel on puisse avoir de l’empathie. J’aurais raté le film si on s’était borné à de l’imitation”, dit-elle, revendiquant une “Bernadette fantasmée, presque en carton-pâte”.

Tirades bien senties, parfois abrasives : le film est aussi servi par un scénario bien ficelé qui se paye, au passage, le monde politique de l’époque dont Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy.

C’était un monde d’hommes où régnait le machisme”, estime Sara Giraudeau.

“Lorsqu’on a tourné les scènes dans les QG, plusieurs personnes sur le tournage sont venues me voir pour s’étonner de l’absence de femmes… Ça montre le chemin qu’on a parcouru en quelques années”, complète la réalisatrice.

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